Archives mensuelles : août 2020

Jean-Louis Laurière, l’homme qui voulait que l’on ignore sa merveilleuse invention, Pandora

Pandora

I – 1982, première intelligence artificielle réellement opérationnelle

Comme d’habitude en matière d’innovation informatique, c’est en France que l’IA débouche enfin. En 1982 un obscur chercheur, Jean-Louis Laurière (université Paris VI) développe « Pandora »,  un système-expert raisonnant selon les principes du syllogisme et des thèses des pionniers américains de l’IA (Mc Carthy, Minsky, Feigenbaum). Le syllogisme, c’est notre raisonnement de tous les jours décrit par Aristote il y a 2 400 ans. Cette IA fournit le « raisonnement critique » voulu par Minsky, un raisonnement s’auto-contrôlant, capable de vérifier qu’il ne déduit pas de bêtises. Une ambition de l’IA qui pouvait sembler hors de portée…

Or, Pandora fait ce raisonnement critique ! Il fournit des déductions, explique son raisonnement et… détecte les contradictions ! Mieux encore, pour développer le programme il suffit de lui donner une connaissance écrite en langage courant (sous forme de règles ou de vérités). Il se met alors à raisonner et diagnostiquer comme le ferait un expert !

Cette réalisation est si efficace que Pandora fut vendu tel quel dans le commerce en 1986 et 1987, sous le nom d’Intelligence Service par la SSII GSI-Tecsi. C’est ainsi que je l’ai découvert, que je l’ai acheté et que j’ai même créé ma société en janvier 1986 pour vendre ce bijou aux entreprises : A.R.C.A.N.E. (= Automatisation du Raisonnement et de la Connaissance, Acquisition Normalisée de l’Expertise).

Ce qui m’a frappé dans cet outil, c’est la constatation que l’on pouvait automatiser le raisonnement. Et que cela donnait des résultats ahurissants. Enthousiaste, j’ai mené par la suite toute ma R&D sur ce concept, avec de belles réussites, des clients prestigieux… et une absence totale de soutien de la part de l’establishment français en IA, qui s’est vite transformée en extraordinaire obstruction.

II – Un hara-kiri absurde 

Le plus extraordinaire dans l’histoire de l’intelligence artificielle, ce fut le hara-kiri absurde du chercheur Jean-Louis Laurière : pendant 23 ans il fera tout pour étouffer la moindre référence à son bébé Pandora (développé en 1982), avec le soutien actif de ses collègues et disciples, même après sa mort !

Cherchez sur le web et vous ne trouverez rien sur Pandora, sauf ce que j’en ai moi-même écrit (cherchez « système expert Pandora » et vous verrez). A sa mort en 2005, ses élèves et collègues ont dressé un panégyrique de ses recherches. On y trouve tous ses projets qui n’ont mené nulle part mais aucune mention de Pandora qui a donné tout le marché de l’intelligence artificielle raisonnante jusqu’à aujourd’hui, la seule qui fonctionne, la seule accessible au grand public. Voyez le prix américain Awards.Ai en intelligence artificielle obtenu en 2017 avec ce commentaire : « Tree Logic presents a computer technology, “La Maieutique”, which will drive world data processing into a new aera : the aera of computer becoming “human”, communicative, intelligent and knowledge-hungry. Plus these key abilities we have been waiting from him since its inception : helpful, never forgetting a new knowledge, and user friendly. »

Une des deux thésardes qui avaient développé Pandora sous la direction de Laurière, Odile Paliès, a même adressé une lettre officielle vengeresse à en-tête de l’Association Française de l’Intelligence Artificielle (AFIA, composée essentiellement d’informaticiens universitaires) à Science et Vie, revue scientifique qui avait osé parler de Pandora dans un long article sur l’intelligence artificielle, en 1991. Cette dame y affirmait avec force que Pandora n’avait aucun intérêt. Elle réclamait “au titre du droit de réponse” que la revue en convienne officiellement et n’en parle plus !  Hélas pour elle, Science et Vie n’a rien convenu et ce courrier maladroit a atteint le but contraire : donner la preuve que Pandora existait bien alors que Paliès et consorts avaient tout fait pour le cacher…

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…et pour constater l’omerta voici le contenu du livre Enseigner les travaux de JeanLouis LAURIÈRE co-écrit en 2006 par la même Odile Palliès :

  • Thèse 3ème cycle (1971, Paris 6) : Sur la coloration des hypergraphes. Applications aux problèmes d’emplois du temps
  • Thèse d’état (1976 , Paris 6)       [ALICE] : Un langage et un programme pour énoncer et résoudre des problèmes combinatoires
  • SNARK (1981- …) et l’approche SBC : Un langage déclaratif et un moteur d’inférence
  • Développements et applications multiples
  • Représentation des connaissances (articles TSI 1983-84)
  • Suites d’ALICE, Rabbit (1992 – …)
  • Création d’enseignements par JL Laurière
  • DEA Informatique Fondamentale/IA : module « Résolution de problèmes », en 1977-78 (autre module IA : Jacques Pitrat)
  • Maîtrise Informatique : création du module « Intelligence Artificielle » en 1982-83
  • Ouvrages : Résolution de problèmes par l’Homme et la machine (1986), Représentation des connaissances (1988)
  • Autres enseignements
  • DESS IA : à partir de 1985-86
  • Résolution de problèmes, ALICE
  • SBC, systèmes à base de règles, SNARK
  • DEA et maîtrise (suite…), puis master M1 et M2

Rien sur Pandora ! 

Une seule conclusion possible : selon cette dame, cette invention à laquelle elle a participé en tant qu’étudiante n’a jamais existé…

Si l’on ajoute à cette découverte le refus systématique des universitaires informaticiens de Wikipedia de parler de Laurière, de Pandora et de mes propres recherches inspirées de ces travaux (supprimant instantanément tous mes articles et même les allusions à ces sujets), on mesure que l’IA n’est pas près d’acquérir la notoriété qu’elle mérite.

Mais c’est justement ce que veulent les informaticiens !

III – Voilà l’explication du hara kiri : préserver la domination des informaticiens bien que l’IA ait rendu leur technique obsolète 

Que s’est-il passé dans la tête de Laurière ? Eh bien, il a découvert que, grâce à ma propre invention, La Maïeutique, son outil se vendait très bien dans les grands groupes mais chez les non informaticiens alors que lui n’arrivait pas à les placer auprès des services informatiques auxquels il les destinait.

La Maïeutique est une méthode qui mettait Intelligence Service-Pandora à la portée de tous en extrayant automatiquement les connaissances inconscientes des experts et les introduisant dans les système experts en les exploitant aussitôt par raisonnement.

Plus grave encore à ses yeux : Intelligence Service-Pandora était utilisé pour produire des applications intelligentes inaccessibles aux informaticiens grâce à la Maïeutique : des « conversationnels », c’est à dire des programmes dialoguant avec les utilisateurs en français courant. Exactement ce que Turing avait spécifié en 1950 comme étant la marque d’une véritable intelligence, qu’il avait alors proposé de détecter avec son fameux test de Turing

De 1986 à 1988, Laurière n’a pu que constater l’absence de commandes chez ses collègues informaticiens et la profusion de développements dans les services utilisateurs d’entreprises qui, du coup, ne faisaient plus appel aux départements informatiques. Il était tenu au courant par les articles dithyrambiques publiés dans la presse par les services utilisateurs eux-mêmes.  Et ça ne lui a pas plu, mais pas du tout ! Son outil inventé à la gloire du génie des informaticiens servait en fait à les déboulonner.

C’est alors qu’il a décidé carrément d’arrêter la commercialisation d’Intelligence Service. 

Ça n’a pas eu l’effet escompté car en 1988 j’avais fait développer par mon informaticien, selon mes propres spécifications inspirées des remarques de mes clients, un générateur de systèmes experts beaucoup plus moderne et performant qu’Intelligence Service-Pandora : Maïeutica. 

Laurière, que je n’avais jamais rencontré mais qui visiblement me connaissait, s’est alors mis à me détester. Je l’ai constaté lors d’un congrès IA où je cherchais à l’aborder. Il me regardait de loin d’un air furieux, refusant de me parler. Il m’a fallu toute ma diplomatie (naturelle) pour l’amener à écouter tout le bien que je pensais de son invention. Il a d’abord persisté dans son déni, pas du tout impressionné par le fait que Pandora avait un marché puisque je le vendais dans les plus grands groupes français. « Il ne l’avait pas développé pour le grand public » ! Nous nous sommes finalement quittés avec le sourire sur ce gentleman agreement : « Oui, Pandora est une belle réalisation, mais ses autres recherches (sans avenir selon moi) aussi » !

En dépit de notre accord, il a donné consigne à ses disciples de ne plus jamais parler de Pandora. Ce en quoi, vous l’avez vu, ils lui ont obéi fidèlement… sauf leur erreur auprès de Science et Vie.

Pour protéger les copains, sans souci de paralyser le progrès en informatique et celui du monde en général, le génial Laurière et ses disciples sont alors devenus des escrocs de l’humanité…  

IV – Changement ! En 2022 Wikipédia se met soudain à parler de Pandora, copiant mes déclarations.

Pour que l’on ignore la vraie intelligence artificielle qui raisonne, celle née avec Pandora et qui rend les informaticiens inutiles, les informaticiens m’ont banni à vie de Wikipédia, encyclopédie « libre ». Mon nom est bloqué, même pour corriger une faute d’orthographe dans une critique de film.

Mais, j’ai découvert en 2023 que mon article de Science et Vie qui encense Pandora est cité dans Wikipédia. Ceci dit, prudemment, sans citer mon nom comme auteur de l’article sinon il serait automatiquement effacé.

Voilà le texte Wikipédia :

Entre 1982 et 1985 il met au point l’intelligence artificielle Pandora qui exploite la logique de base, qu’il appelle « d’ordre 0+ ». C’est le premier système expert de l’histoire réellement opérationnel, capable d’expliquer son raisonnement, de dialoguer avec les utilisateurs et de détecter les contradictions dans la connaissance ou dans les données qu’il reçoit (« Du zéro pointé au Zéro Plus », Science et Vie avril 1991). Pandora est vendu en entreprises à partir de 1986 par la société GSI-Tecsi sous le nom d’Intelligence Service5. En 1988 Jean-Louis Laurière le retire de la commercialisation.

La sincérité de Wikipédia n’ira pas jusqu’à expliquer pourquoi une IA aussi parfaite est retirée de la circulation…